Ressources

La rubrique « Ressources » est destinée à donner accès soit à des documents inédits ou rares, soit à des contributions, le plus souvent inédites, de membres ou d’invités de la Société.

Dans la première catégorie, nous avons le plaisir d’inaugurer la série par un choix de photographies tirées de l’album de la comédienne Pauline Carton, petite-fille de Laurent de l’Ardèche : ces images ne livrent pas seulement les visages de la famille du directeur saint-simonien de l’Arsenal, elles font savoir quels sont les personnages du mouvement dont il demeurait le plus proche à la fin de sa vie et elles révèlent même l’aspect physique, auparavant tout à fait inconnu, de plusieurs d’entre eux.

La seconde catégorie est ouverte par une communication de Gérard Chastagnaret, éminent spécialiste de l’histoire de l’Espagne et de la Méditerranée, sur « Michel Chevalier, la Méditerranée et Marseille au xixe siècle ».


Album de Pauline Carton

Présentation

Les clichés de l’album ont été effectués en 2013 par Françoise Notter-Truxa (laboratoire LIRE, CNRS-Lyon 2).
La Société des études saint-simoniennes exprime ses plus vifs remerciements à Mme Danielle Keilany pour les facilités et les autorisations si libéralement accordées, ainsi qu’à M. et Mme Yvan Perrin pour avoir si aimablement accompagné la découverte.

Les photographies ci-après sont extraites d’un album constitué par la célèbre comédienne Pauline Carton (1884-1974).
De son vrai nom Pauline Biarez, celle-ci était, par sa mère, née Augustine Laurent, la petite-fille du dirigeant saint-simonien et républicain Paul-Mathieu Laurent, représentant du département de l’Ardèche sous la Seconde République et, entre 1853 et 1871, directeur de la Bibliothèque de l’Arsenal où il accueillit les archives saint-simoniennes et personnelles d’Enfantin et de Charles Lambert.
Le père de Pauline Carton, Alfred Biarez, un ingénieur centralien, originaire du Nord (d’où son patronyme tire sa terminaison en -ez), était lui-même né d’une certaine Virginie Riffé de Caubray, qui se trouvait avoir été la demi-sœur d’Adélaïde (ou Adèle) Riffé de Caubray, veuve Morlane, laquelle n’était autre que la mère d’Arthur Enfantin, le seul et unique fils du « Père » par le sang.
Alfred Biarez exerça une grande part de sa carrière en Espagne comme ingénieur de la Compagnie des chemins de fer du Nord de l’Espagne, devenant pour finir directeur, à Paris, du service central de cette société des frères Pereire.
Le couple d’Alfred Biarez et d’Augustine Laurent eut deux enfants, Pauline, la future Pauline Carton, et Auguste, qui devait lui aussi être un élève de l’École centrale de Paris.
Pauline Carton ne fut pas seulement la comédienne de boulevard, l’actrice de cinéma, la chanteuse, la caricaturiste, l’animatrice d’émissions radiophoniques, etc., à la longévité exceptionnelle et à la gouaille populaire, dont les contemporains et la postérité ont, entre autres morceaux de bravoure, retenu l’interprétation de la chanson comique « Sous les palétuviers ».
En contraste complet avec le personnage qu’elle incarnait pour le grand public, elle avait aussi une dimension peu connue, qu’elle ne revendiquait pas, de femme cultivée, aux multiples talents tant dans le domaine de la poésie que dans ceux des Lettres, de l’histoire ou de la musique. C’est ainsi qu’autour de ses 20 ans, elle avait déjà reçu par deux fois le prix de poésie du magazine Fémina, décerné par un jury de femmes poètes comprenant Anna de Noailles et Judith Gautier. Non content de lui faire jouer de nombreux rôles à la scène et à l’écran, Sacha Guitry profita souvent de ses vastes connaissances et de son exceptionnelle mémoire pour l’employer à rassembler la documentation utile à ses créations.
À la ville, Pauline Carton vécut avec le poète Jean Violette de 1914 jusqu’à la mort de ce dernier, en 1964. Mais foncièrement indépendante et anticonformiste – un atavisme saint-simonien ? –, elle refusa de l’épouser, ne cohabitait pas avec lui (elle travaillait à Paris, lui résidait à Genève) et professait une sainte horreur des tâches domestiques.
Ses papiers ont été donnés en 1988 par son petit-neveu, l’ambassadeur Jean Perrin, au département des Arts et Spectacles de la Bibliothèque nationale de France (un descriptif sommaire en est consultable au lien suivant : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc103029q). Plusieurs pièces saint-simoniennes ayant appartenu à Laurent de l’Ardèche et dont Pauline Carton avait hérité ont été confiées à la Bibliothèque de l’Arsenal par elle de son vivant, puis, dans les années 2010, par sa descendance actuelle.